Let the sunshining [Asami]

Messages : 20 Date d'inscription : 30/08/2009 Age : 36

Une journée ensoleillée comme il y en a de nombreuses au Japon, dans la région d'Osaka. Inori arpentait le parc de l'université de long en large goûtant aux délices de sa nouvelle vie. Il fallait dire que pour la jeune Tokyoïte, née dans la banlieue de la capitale (à Yokohama, plus précisément), le changement avait été totalement. La vie était plus facile à Osaka, l'air était meilleur, les gens étaient plus sympa ... Ou alors était-ce parce que jamais auparavant elle ne s'était promené dans les rues de Tokyo sans avoir la peur au ventre ? Possible, et même très probable. Mais son histoire est bien trop triste et entacherait le décor du théâtre de sa nouvelle vie. Elle avait décidé, comme cela, de ne plus regarder le passé, et de se tourner vers l'avenir, pour panser son coeur meurtri par trop de violences. C'était pour cette raison qu'elle avait finalement choisi d'intégrer l'université d'Osaka, celle qu'on appelait « Osadai », plutôt que celle de Tokyo, la très réputée et très prestigieuse « Todai », pour laquelle elle avait obtenu le droit d'entrée grâce au concours d'aptitude. Mais ce fut sans regrets qu'elle rendit, il y a un an de cela les clefs de son petit studio en ville pour venir ici.
Marchant pied-nu dans l'herbe, elle repensait à ce jour, qui contrairement à ce qu'elle s'était imaginé avait été loin d'être une délivrance. On dit souvent qu'il est possible de quitter un endroit sans trop de regrets, à condition d'accepter de tout y abandonner ... Et pour Inori, ça ne s'était pas fait comme ça, car elle avait eu à dire au revoir à quelqu'un, à une personne qui était vraiment très importante pour elle, son amie Kanna. Leurs adieux avaient été pourtant succincts - les deux jeunes filles n'étaient pas très démonstratives, et s'étaient résumé à une bise et à un « à la prochaine, restons en contact ! » puis Inori avait sauté dans le train, avec juste une valise pour Osaka, laissant Kanna sur le quai. La douleur avait été lancinante, Kanna n'en sût rien, car Inori airait préféré se faire brûler la langue plutôt que de laisser paraître ou d'exprimer par la parole l'affection qu'elle avait pour son amie. A tort, ou à raison, la vie lui avait démontré qu'il valait mieux tout cacher au fond de soi. Elle quitta Tokyo le coeur léger, mais avec une pensée pour Kanna, pensée qui se transforma avec le temps en manque.

Un an plus tard, Inori était toujours à Osaka et vivait sa vie au soleil, loin des peurs et des souffrances qu'elle avait enduré à Tokyo. Elle se promenait toujours dans la rue en regardant par terre, mais prenait parfois un moment pour lever la tête. Son corps portait toujours des cicatrices, mais son coeur allait mieux, et son visage était chaque jour plus souriant. De là à dire qu'elle avait des tas d'amis, non, il ne faut pas non plus exagérer, mais elle avait des connaissances, des colocataires avec qui cela se passait bien, même si elle ne partageait pas plus qu'un logement avec eux. Elle sortait de temps en temps, allait voir du monde, on disait d'elle qu'elle était d'agréable compagnie, bien qu'un peu timide.

Debout pied-nus dans l'herbe, une paire de tongues à la main, elle laissait ses cheveux faire des vagues au rythme de la brise que leur apportait l'été indien. Elle s'étira tel un chat comme si elle venait de faire une sieste. Elle attrapa un élastique dans son sac et attacha sa longue chevelure brune, avant de s'asseoir contre un arbre et de sortir un manuel pour l'ouvrir. Le manuel ne traitait de rien de bien passionnant en soit, juste de l'utilisation d'un célèbre logiciel de traitement de l'image, indispensable à tous les étudiants et professionnels en la matière ! Elle s'y plongea, histoire de passer le temps, car ce genre de lecture ne donne rien si on ne pratique pas à côté, cela aurait été un peu comme lire un livre sur « comment gagner une course à pied ».

Elle ne releva la tête que quand son attention fut attirée par un mouvement, non loin.